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La Just City

Comme nous avons mentionné dans notre cadre théorique, nous abordons le principe de just city supporté par Susan Fainstein pour évaluer les impacts des actions prises pour rendre la ville d’Oslo attrayante particulièrement d’un point de vue économique. 

 

Dans son livre The Just City, Susan Fainstein tente de réunir les théories philosophiques de la justice et l’urbanisme. Son concept de Just City est centré sur trois valeurs fondamentales : l’équité, la diversité et la démocratie. L’équité concerne principalement l’accès au logement pour tous, y compris les pauvres et les plus démunis. La diversité est l’acceptation des autres, qui se traduit par un milieu de vie inclusif et hétérogène. La démocratie implique quant à elle la participation citoyenne, ou du moins la prise en compte de l’opinion de la communauté. L’objectif de la Just City peut en bref s’exprimer ainsi : ‘’It can lead to policies that foster equitable distribution of governmental revenues, produce a lively, diverse and accessible public realm, and make local decision making more transparent and open to the viewpoints of currently excluded groups’’  (Fainstein, 2010, p. 184). 

 

À travers le concept de Just City, Fainstein établit un ensemble de principes qui peuvent aider à constituer des politiques publiques et une planification urbaine justes. Ils sont divisés selon les 3 valeurs d’équité, de diversité et de démocratie. Dans le cadre de notre analyse, il sera judicieux d’examiner si les stratégies préconisées par l’auteure sont utilisées dans le Barcode, et ainsi déterminer si ce projet favorise la mise en place d’une Just City. Voici un tableau résumé de ces principes :

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Tableau rédigé selon une traduction libre de Fainstein, 2010, pp. 172 à 175

 

En vert, ce sont les principes qui sont, au regard de nos lectures, respectés à divers degrés dans le développement du Barcode. En rouge sont soulignés les principes non respectés. Les zones laissées grises signifient qu’il n’était pas possible de déterminer si oui ou non la recommandation était respectée. Nous nous sommes par ailleurs limités aux valeurs d’équité et de diversité. Une autre recherche pourrait examiner les principes liés à la valeur de démocratie. Nous pouvons tout de même affirmer que le projet Barcode a été la cible de protestations publiques (Briers, 2014). 

Équité

 

Malgré une volonté de favoriser le transport en commun par rapport aux automobiles, un élément de la Just City selon Fainstein, le Barcode ne peut être considéré juste en matière d’équité. Les promoteurs privés ont joué un grand rôle dans le développement urbain de la ville d’Oslo. Les nouveaux développements suivent une logique néolibérale et visent le profit, d’où un grand risque que l’ensemble du Fjord City Plan devienne accessible seulement par la classe moyenne-supérieure (Andersen, 2017), limitant ainsi la mixité sociale ou variété des utilisateurs. 

 

(1) La ville d’Oslo avait exprimé vouloir créer un environnement hétérogène et inclusif en prévoyant 10% de logements sociaux dans le Barcode. Finalement, aucun n’a été construit, mis à part 5% de logement étudiant (Andersen, 2017, p.310). 

 

Selon le principe de variété de Bentley (1985), la municipalité d’Oslo n’a pas tenu compte de la demande des citoyens en modifiant le plan original qui incluait des logements sociaux abordables et donc, elle limite la variété d’utilisateurs dans le Barcode.

 

(4) Tel que mentionné plus tôt, ce sont plutôt de grandes compagnies internationales qui ont élu domicile dans le Barcode. Les compagnies Deloitte et PriceWaterHouseCooper sont de grandes firmes comptables multinationales, tandis que DnB et KLP sont d’importants groupes financiers norvégiens. Le site officiel du projet (barecodeoslo.no) mentionne que seulement un bâtiment est dit être dédié à des entreprises de moindre envergure. 

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Analyse des entreprises présentes dans le Barcode 

(6) Il faut reconnaître que différents promoteurs ont été impliqués dans le projet. Toutefois, notons que le groupe Braathem Eiendom, un important propriétaire immobilier de la ville d’Oslo, possède 4 des 12 bâtiments du Barcode. Les architectes de Lund Hagem Arkitekteront quant à eux conçus trois bâtiments, A-Labtrois et Dark Arkitekter trois. Nous pouvons donc considérer que c’est un assez groupe restreint d’investisseurs et d’architectes qui ont conçu l’entièreté du projet. 

 

(7) La ville d’Oslo a instauré des péages automobiles, en plus de planifier une portion de son centre-ville sans voiture, ce qui laisse deviner ses bonnes intentions en matière de mobilité durable.

 

Diversité

 

Environ 30% de la population d’Oslo serait immigrante (Andersen, 2017). Les immigrants sont traditionnellement situés plutôt dans la partie est, alors que l’ouest est plus peuplé par des blancs de la classe moyenne-supérieure. Situé plutôt dans l’est, le quartier de Bjørvika pourrait selon Andersen peut être considéré comme une extension du West End dvisant à rendre l’est plus respectable. Il ne contribuerait donc pas à la mixité sociale et l’inclusion.    

(1) Comme c’est un ancien terrain vacant, nous pouvons présumer qu’aucun ménage n’a dû être relocalisé.  

 

(3) Les quartiers voisins de Bjørvika, Grønland et Tøyen sont dans les quartiers les plus multiculturels de la ville. Comme mentionné dans l’analyse de la mobilité durable, les connections entre le Barcode et ces quartiers sont faibles, en raison du grand nombre de voies ferrées qui les séparent. Néanmoins, une passerelle piétonne et cycliste relie le Barcode à Grønland, ce qui constitue un lien unique assez faible. 

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Analyse des connexions entre quartiers

(4) De nombreux espaces publics sont créés autour du Barcode. Nous pouvons saluer que l’ensemble des espaces publics piétons entourant les bâtiments soient accessibles par la passerelle qui mène au quartier Grønland. L’espace public adjacent au fjord est quant à lui coupé de ceux du Barcode par une route importante. 

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Espace public piétonnier 

(5) Sur la coupe des usages suivante, on observe une diversité des usages au sein du Barcode. Les rez-de-chaussée ainsi que certains derniers étages sont consacrés à des activités commerciales. Les étages sont partagés entre de luxueux appartements et des bureaux. Cette dernière fonction occupe la majorité de l’espace dans le projet. 

 

Nous pouvons dire que le Barcode répond au principe de variétéde Bentley (1985). En effet, les 12 bâtiments accueillent des usages multiples ayant des fonctions publiques et privées. En localisant les commerces, restaurants et autres services principalement au rez-de-chaussée, les concepteurs ont permis l’accessibilité de ces lieux pour tous et en même temps, ils ont éloigné l’espace privé, soit le résidentiel, du public pour marquer la différence de fonction dans l’espace. De plus, en offrant divers usages, le Barcode s’appuie sur le concept de chrono-urbanisme en attirant différents utilisateurs à différents moments de la journée pour des raisons différentes (résidentiel, commerce, loisir et travail).

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Analyse de la variété des usages au sein du Barcode

C’est donc dire qu’on ne peut pas affirmer que le projet du Barcode contribue à la mise en place d’une just city. Il est occupé par des entreprises multinationales, il n’inclue aucun logement social et a été conçu par un groupe restreint d’architectes et de promoteurs. Il offre peu de connexions avec les quartiers défavorisés environnants, à l’exception notable d’un passerelle piétonne et cycliste. On y retrouve une certaine mixité des usages, mais ses habitations, commerces et bureaux ne sont accessibles que pour la classe moyenne-supérieure.  

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